Fiche technique :
Auteur : Alison Germain
Éditeur : Editions du Chat Noir
ISBN : 2375680537
Genre: fantastique
4ème de couverture :
Entre tes mains, fille d’Homère, brûle encore le pouvoir des Dieux. Le jour où une inconnue rend son dernier souffle dans mes bras, je sais que ma vie paisible d’étudiante ne sera plus jamais la même. Au lendemain du drame dont j’ai été le seul témoin, aucune trace du crime n’a été retrouvée, tant et si bien que tout le monde me pense folle, moi la première. Seul un homme me croit, Angus Fitzgerald, détective à la recherche d’une personne qui ressemble trait pour trait à la femme morte sous mes yeux. Alors que ce mystère reste sans réponse, les objets que je touche se transforment en or. Et quand le bel Angus me narre le mythe antique de Midas, ce roi grec qui changeait tout en or, je comprends qu’il en sait bien plus sur ce qui m’arrive. Et aussi sur les dangers qui me menacent. Pour moi, le plus imminent est juste là, dans mes mains. Parce que si pour le détective, je suis bénie des Dieux, je ne vois en ce pouvoir qu’une malédiction…
Mon avis :
Les Quatre Saisons de Vivaldi sont brutalement interrompues après 22 minutes et 40 secondes.– Pôle Emploi, bonjour. Que puis-je faire pour vous ?
– Oui, bonjour. Voilà je m’appelle Ombre et je vous appelle suite à mon envie de reconversion professionnelle.
– Oui, quel est votre travail actuel et quel est celui auquel vous aspirez ?
– Et bien voilà, je suis le Gardien de la Bibliothèque Oubliée et depuis quelques temps j’écris des chroniques sur un blog… mais je sens que je n’accomplis pas ma véritable destinée. Ce que je voudrais, c’est être écrivain…
– Je vois…– Oui, mais le souci c’est que je n’ai pas le moindre talent pour l’écriture.
– Ah bon ?– Regardez… rien que ce petit dialogue que nous avons en ce moment. Il faut bien reconnaître que c’est écrit avec les pieds d’un homme-tronc… comme cette métaphore.
– Oh mais vous savez Monsieur Ombre, vous n’avez pas besoin de talent pour devenir auteur. Vous disiez que vous écriviez un blog ? Vous avez donc une communauté ?– Euh… oui, on peut dire ça.
– C’est parfait alors ! Votre livre marchera !
– Mais non justement ! Ma communauté est composée de lecteurs, ils seront exigeants…
– Ah la la… votre communauté suit vos avis… vous n’avez qu’à leur dire que votre roman est excellent et ils n’oseront pas vous contredire. Lisez les romans d’Alison Germain… vous verrez ce que je veux dire…
C’est donc ainsi que j’ai entrepris la lecture du Souffle de Midas, premier tome des Chroniques Homérides d’Alison Germain, booktubeuse célèbre sur la chaîne Lili Bouquine, devenue depuis un espace de promotion où elle ne parle plus que de sa maison d’édition et de ses copines ou prodigue des conseils d’écriture.
Je m’excuse par avance de la chronique qui va suivre, mais je me dois d’être sincère.
En premier lieu, il y a une vérité simple : adorer lire ne fait pas automatiquement de vous un auteur talentueux. Je n’ai que de vagues notions des talents qu’il faut avoir pour un écrire un roman, mais je suis intimement persuadée qu’être un professionnel du fan-service ne figure pas dans la liste ! Mais je m’emballe un peu vite et commençons par le commencement.L’idée de départ du roman, l’existence de descendants des dieux et des personnages mythologiques dans notre monde est intéressante et suffisamment éloignée du concept de la série Percy Jackson pour ne pas choquer.
On sent que l’auteure connaît sa mythologie grecque par cœur et c’est l’un des points positifs du roman. Hélas… on pourrait dire « Et là, c’est le drame ! ».
Alison Germain a lu beaucoup de livres et regardé beaucoup de séries et passe son temps à nous régurgiter un festival de références pop culture dont un bon nombre ne survivront pas au passage du temps. Dire qu’un endroit ressemble à Poudlard n’est pas une description, c’est – au mieux – une facilité d’écriture.
Quand l’héroïne kidnappée dit ne s’être jamais senti aussi trahie depuis l’épisode 9 de la saison 3 de Game of Thrones, on sait que dans quelques années la référence ne sera plus comprise par une nouvelle génération de lecteurs… et puis surtout… QUI A LE TEMPS DE PENSER A GAME OF THRONES QUAND ON EST DANS LE COFFRE D’UNE VOITURE ???Il est bon de créer une complicité avec le lecteur, mais cela se fait ici aux dépens de toute cohérence narrative. Un dernier exemple : le roman est bourrée de références à Harry Potter et les personnages en font aussi… donc les romans et les films Harry Potter existent dans cet univers… mais personne ne fait la moindre remarque sur le fait que l’héroïne s’appelle Louise FAWKES (le nom anglais de Fumseck, le phénix de Dumbledore). Personnellement, j’aurais appelé mon héroïne Captain Arya Rihanna McGonaWakanda.
De toutes façons, la cohérence narrative… c’est pas ça qui l’étouffe. L’héroïne traumatisée par la découverte de pouvoirs qu’elle ne contrôle pas qui accepte d’aller à une fête… quitte à mettre ses amis et d’autres personnes en danger ? Cela fait avancer l’intrigue certes, mais c’est le QI des protagonistes qui recule pour le coup.
En même temps, Louise sous des aspects de hipsteuse branchouille qui boit les dernières créations Starbucks à la mode au moment de la sortie du livre, a des diminutifs pour les noms de tous ses amis, travaille dans une boutique new-age d’ésotérisme à deux sous et a donc tout ce qu’il faut pour être la plus agaçante des êtres humains n’est pas finaude de base.
Passons outre ses décisions en scénarium (c’est à dire qu’elles ne sont logiques que si on prend en compte qu’elles doivent faire avancer l’intrigue coûte que coûte) pour parler de sa relation avec le principal personnage masculin du roman… j’ai nommé Abdo-Man… ou Angus si vous avez encore envie de croire qu’il ne sera pas un cliché ambulant.
Elle le déteste. Il est hautain. Elle passe son temps à le remettre à sa place, même quand il vient de la sauver. Il la traite comme une écervelée. Elle l’a vu torse nu… Emballé ! C’est pesé ! Je déteste parler de ça, mais comment – dans une époque où on parle quotidiennement de relations toxiques, de pervers narcissiques et de #MeToo – on peut créer une histoire d’amour entre deux personnages qui ne se supportent pas ?
Alors oui, on va sans doute se rendre compte que sous ses aspects bourrus, Angus a un cœur tendre… mais non… c’est juste pas possible. La littérature Young Adult, surtout quand elle est écrite par des femmes, devraient arrêter de véhiculer ce fantasme malsain qu’un homme qui traite une femme comme une plante verte a, en fait, bon fond et qu’il peut changer… Je ne vous félicite pas Alison Germain !
En résumé, Le Souffle de Midas aurait pu être un bon roman. Sans rire, l’idée de départ est bonne… mais il aurait fallu que quelqu’un émette des critiques constructives pendant ou après son écriture. Je peux facilement imaginer qu’un auteur ne voit pas les défauts de sa propre création et c’est toujours là qu’un travail de relecture sincère est nécessaire. Ici, l’utilisation abusive des références, des mots compliqués tout droit échappés d’un dictionnaire des synonymes pompeux, les retournements de situations qu’on voit venir de plus loin que l’horizon et – à ma grande horreur – quelques coquilles qui m’étonnent chez une maison réputée comme Le Chat Noir me laissent à penser que le roman a peu – voir pas du tout – été relu dans le but de l’améliorer… comme si quelqu’un ou quelque chose lui assurait un succès fulgurant malgré des défauts qui sont pour beaucoup d’autres livres rédhibitoires.
Promis, la prochaine fois je vous parle d’un livre que j’ai aimé.
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Ombre.