Le pianiste de Wladyslaw SZPILMAN

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Fiche technique :
Auteur : Wladyslaw SZPILMAN (Pologne)
Editions : Robert Laffon
Année : Janvier 2001
Pages : 265
ISBN : 978-2-22109-569
Genre : Historique

D’une voix indignée, empreinte d’amertume, [le dentiste] s’est exclamé :
« C’est une honte pour nous tous ! Nous les laissons nous conduire à la tuerie comme des moutons à l’abattoir ! Si nous attaquions les Allemands, le demi-million que nous sommes, nous pourrions nous libérer du ghetto, ou en tout cas mourir dignement au lieu de laisser une page aussi honteuse dans l’Histoire ! »
Père l’écoutait, d’un air assez embarrassé mais avec un sourire compréhensif. Réprimant un imperceptible mouvement de lassitude, il a remarqué :
« Comment êtes-vous si sûr qu’ils nous envoient à la mort ? »
En se tordant les mains, le dentiste a répliqué avec nervosité :
« Je n’en suis pas absolument certain, évidemment ! Comment le pourrais-je ? Vous croyez peut-être qu’ils nous le diraient ? Mais il y a quatre-vingt-dix chances sur cent qu’ils ont l’intention de tous nous liquider, croyez-moi ! »


Le résumé :

Septembre 1939. Alors que Varsovie est écrasée sous les bombes allemandes, les accords du Nocturne en ut dièse mineur de Chopin s’élèvent à la radio nationale. L’interprète s’appelle Wladyslaw Szpilman. Il est juif. Pour lui, c’est une longue nuit qui commence…
Une longue nuit dont l’issue aurait pu être la mort, sans un officier allemand, Wilm Hosenfeld – le plus improbable des sauveteurs. Hanté par l’atrocité des crimes nazis, il va protéger et sauver le pianiste.

Mort en 2000 à Varsovie, Wladyslaw Szpilman a eu une carrière internationale de compositeur et de pianiste. Il aura fallu plus de cinquante ans pour que l’on redécouvre enfin ce texte, sobre et émouvant.

Mon avis :

Cette partie de la chronique s’appelle « avis ». Ce n’est que par habitude. Qui aurait un avis sur un fait historique si terrible ? Nous ne sommes pas là pour polémiquer.

Ce récit s’intitule « l’extraordinaire destin d’un musicien juif dans le ghetto de Varsovie de 1939-1945″. Je ne suis pas certaine que « extraordinaire » soit le terme le plus juste pour évoquer les expériences subies par Szpilman…

Ces lignes ont été écrites en 1946, après la guerre. Je suppose qu’elles avaient un pouvoir libérateur et exorcisant, pour continuer de vivre.

Cependant, elles auront été interdites par le régime communiste qui ne pouvait laisser diffuser que les soviétiques avaient été collaborateurs du IIIe Reich (ukrainiens, lettons pour les milices). Il a fallu plus de cinquante ans après l’écriture pour cette publication. D’ailleurs, Szpilman est décédé le 6 juillet 2000, avant la fin de cette traduction.

L’action débute en 1939, quelques jours avant la déclaration de guerre de la Pologne contre l’Allemagne. Je ne vous fais un cours d’histoire, rassurez-vous. Premier choc : la guerre est annoncée à la population par affichage, puis par annonce radio. L’auteur aura la même réflexion que moi en se disant que c’est étrange et passablement facile cette annonce de fait…

Szpilman est polonais, musicien et juif et réside avec sa famille à Varsovie, pas encore assiégé par les allemands. Pas encore le ghetto.

Il fait parti des « Intellectuels » d’après les critères nazis et est transféré dans le petit Varsovie. Le coin le plus nanti du ghetto. Du moins, pour le moment, avant la décision d’extermination.

On va suivre sa vie, puis sa survie durant les six années de guerre. Une vie faite de brimades, d’humiliations, de chance et de chagrin.

On s’attendrait à un texte rempli de rancune, de colère et de vengeance mais pas du tout. L’auteur est tellement détaché que j’ai eu des difficultés à entrer dans son autobiographie. Il y a une distance entre les faits racontés et l’auteur, comme s’il ne faisait partie de son histoire. Il annonce des faits et reste très humble face à sa chance d’avoir survécu. D’un style très simple, journalistique, Szpilman explique, raconte sans ajout, sans effets.

D’ailleurs, comme s’il ne s’agissait que d’une parenthèse à sa vie, il recommence son émission radio avec Nocturne en ut dièse mineur de Chopin, la même mélodie avec qui il avait clôt la station de radio en 1939. La boucle est bouclée.

Cette distanciation rend son témoignage si fort : il va droit au cœur. Il nous raconte le dernier repas partagé avec sa famille : un caramel coupé en six. Des mots simples pour un moment intense, qui prennent aux tripes. Tout en sobriété.

Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres pour montrer qu’il ne s’agissait que d’hommes et de femmes pris dans une tourmente qui dépassait tout entendement.

Qui aurait pu prévoir ? Qui pouvait croire ?

Le plus de cette édition est un extrait du journal de Wilm Hosenfeld, lieutenant allemand, enseignant de son métier. Il a croisé le destin de polonais et de juifs et celui de Szpilman. Il fait parti des Justes, ceux qui ont sauvé des juifs.

Tout l’intérêt est de constater que les allemands n’étaient pas tous nazis, assassins et lobotomisés. Certains ont su comprendre et être humain. J’ai tellement eu de compassion pour ce Juste qui a souffert pour les monstruosités causées par son peuple. Poignant et intéressant.

Il faut connaître, pour apprendre et ne pas réitérer.

Le pianiste a été porté à l’écran en 2002 par Roman Polanski avec Adrian Brody dans la peau du survivant.

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Axelle GEORGES.

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